Le pilote Raghid al-Tattari .. sa vie envolée dans l’obscurité des geôles pour avoir refusé de bombarder son peuple

Damas-SANA / Sous le régime déchu, des milliers de détenus ont perdu dans les prisons syriennes parce qu’ils refusaient de se taire, où la tragédie s’est incarnée dans ses formes les plus atroces, mais malgré cette l’obscurité, certains ont résisté, et leur nom est devenu un symbole et leur histoire un témoignage. Parmi eux se détache le nom de Raghid al -Tattari , le pilote qui entra en détention jeune, et en est sorti 43 ans plus tard, porteur de la mémoire d’une nation, de la douleur d’un peuple et d’une dignité inébranlable.

Raghid al-Tattari, né le 25 décembre 1954, est entré à l’école aéronautique et en est sorti diplômé en tant que pilote en 1975.

En 1980, alors que les manifestations et les troubles s’intensifient dans la ville de Hama, Al-Tattari a refusé de bombarder les civils à Hama ou dans toute autre ville syrienne et il refusa également de signaler ses collègues déserteurs de l’armée

Le régime a commencé à interroger Al-Tatari, l’accusant d’avoir eu connaissance de la désertion d’un camarade vers la Jordanie en 1979. Quelques jours après l’enquête, le régime syrien a décidé de le licencier de son poste, ce qui le poussa à quitter la Syrie et voyager en Jordanie en 1980.

Il resta huit mois en Jordanie pour quitter ensuite vers l’Égypte. Il demanda l’asile au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), mais sa demande fut rejetée. Le 24 novembre 1981, Raghid fut arrêté à l’aéroport de Damas dès son retour d’Égypte.

Al-Tattari a été incarcéré dans la prison des Renseignements généraux, où il a été soumis à de brutales tortures, puis transféré à la prison militaire de Mezzeh après avoir été emprionné dans les geôles du désert de Tadmur, où il est resté 21 ans, puis à la prison militaire de Saidnaya , où il a passé 10 ans.

En 2011, Al-Tattari a été transféré à la prison centrale de Damas, à Adra, où il a été empêché de voir ses proches et ses amis et a vécu dans des conditions humanitaires désastreuses.

Al-Tattari a été libéré de la prison centrale de Tartous, avec d’autres, après la victoire de la révolution et la chute du régime d’Assad le 8 décembre.

Dans une initiative de solidarité et de respect à sa personnalité, les habitants de Hama l’ont honoré et lui ont offert une épée d’or, symbole de courage et de défi, en reconnaissance de sa bravoure et de son héroïsme face à l’un des régimes les plus oppressifs à travers l’histoire moderne.

Raghid Al-Tatari n’était pas un politicien, mais un homme de principes qui s’est levé quand personne d’autre ne l’aurait fait… et qui en a payé le prix jusqu’à la dernière minute de sa jeunesse… Son histoire ne vient pas du passé, mais plutôt d’une leçon pour l’avenir : la vérité ne peut être bombardée, même si mille pilotes volent à son encontre.

W.Hamadeh./R.B.

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