Damas-SANA/ Dans une nouvelle réalisation culturelle qui renforce la position du patrimoine syrien ancien, la Commission de l’Observatoire du patrimoine architectural et urbain dans les pays arabes, relevant de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO), a inscrit la Grande Mosquée des Omeyyades de Damas au registre du patrimoine architectural et urbain arabe, lors de sa dixième réunion qui s’est tenue à Beyrouth du 28 au 30 du mois en cours.
Premier site islamique syrien
Après que la Syrie a obtenu le certificat d’inscription, la Grande Mosquée des Omeyyades est devenue le premier site islamique syrien à figurer sur cette liste, parmi la première série de sites inscrits issus de divers pays arabes, leur nombre total s’élevant à 19.
La Direction générale des antiquités et des musées a commencé ses démarches pour proposer la Grande Mosquée des Omeyyades à cette liste en avril dernier, en envoyant un dossier complet contenant toutes les informations sur cet édifice unique, construit par le sixième calife omeyyade Al-Walid ibn Abd al-Malik en 705 après J.-C., sur un site qui avait été successivement occupé par un temple araméen dédié à Hadad, puis un temple romain de Jupiter, puis la cathédrale Saint-Jean. Après la démolition des bâtiments existants, il ne resta que les murs extérieurs de la cour du temple et quelques autres vestiges architecturaux.
Ce qui confère à la Grande Mosquée des Omeyyades cette singularité, selon le dossier de candidature, c’est sa conception reposant sur la triade sanctuaire-cour-portique, qui s’adapte aux conditions climatiques locales et englobe toutes les fonctions variées de la mosquée : culte, apprentissage, arbitrage, réunion et consultation. Elle prend la forme d’un rectangle de 158 x 97 mètres. Parmi ses caractéristiques les plus remarquables figurent le dôme de l’Aigle, le minaret nord appelé Minaret de l’Épouse, le plus ancien dont Al-Walid a conçu la forme carrée, ainsi que les mosaïques de verre coloré qui recouvraient la moitié supérieure des murs, des piliers et l’intrados des arcs et des voûtes, sans oublier le tombeau du prophète Yahya (Jean-Baptiste), faisant de la Grande Mosquée un modèle architectural exceptionnel de l’architecture islamique.
Directeur général des antiquités : L’inscription de la mosquée est une première étape pour inscrire notre patrimoine
Le directeur général des antiquités et des musées, Dr Anas Hajj Zeidan, a affirmé dans une déclaration à SANA que l’inscription de la Grande Mosquée des Omeyyades au registre du patrimoine architectural et urbain arabe constitue une réalisation importante.
Hajj Zeidan a indiqué que la direction travaille selon trois listes principales : la liste du patrimoine arabe, celle du patrimoine arabo-islamique et celle du patrimoine mondial. Elle s’efforce actuellement d’inscrire plusieurs sites archéologiques syriens sur ces listes. Lors de la réunion de la Commission, qui a duré deux jours et rassemblé des représentants de plus de 40 pays, environ 15 sites patrimoniaux syriens ont été proposés et nommés. Toutefois, il n’a pas été possible de tous les inscrire en une seule fois ; c’est donc la Grande Mosquée des Omeyyades qui a été retenue comme premier site syrien à être inscrit sur cette liste.
Hajj Zeidan a expliqué que l’inscription des sites urbains sur ces listes ouvre la voie à leur inscription sur la liste du patrimoine mondial, surtout que la Grande Mosquée des Omeyyades constitue un témoin unique de l’architecture islamique omeyyade à Damas, qui a toujours été une capitale majeure du monde arabe et islamique.
Il a souligné que cette réalisation renforcera les chances de proposer à l’avenir la Grande Mosquée dans son ensemble, avec tous ses éléments architecturaux et décoratifs, pour son inscription sur la liste du patrimoine mondial. Il a noté que malgré le riche héritage islamique dont dispose la Syrie, aucun site islamique n’a encore été inscrit sur cette liste.
Dans ce contexte, Hajj Zeidan a rappelé que les six sites archéologiques syriens déjà inscrits sur la liste du patrimoine mondial ont été transférés sur « la liste rouge » en raison des événements survenus dans le pays pendant la révolution syrienne. Toutefois, la Direction générale des antiquités et des musées œuvre actuellement, à travers ses récentes réunions avec l’UNESCO, à retirer ces sites de la liste rouge afin de les réintégrer normalement sur la liste du patrimoine mondial.
Zeidan a conclu en disant que la direction prépare actuellement les dossiers de plusieurs autres sites archéologiques syriens pour leur candidature, après une interruption de plus de 14 ans durant laquelle la Syrie n’a connu aucune participation ni préparation aux réunions de candidature. Il a souligné que le retour du ministère de la Culture et de la Direction générale des antiquités et des musées à leurs sièges dans toutes les organisations et instances internationales, arabes et islamiques, constitue une grande réalisation sur les plans culturel et national.
M.Ch.