Damas – SANA/ Au cœur de Damas, vibrant d’histoire, quelques marches en basalte noir vous mènent à une cour spacieuse ornée d’une fontaine et décorée de panneaux artistiques harmonieux. Ce lieu vous transporte à travers le temps jusqu’à « La Madrasa al-Jaqmaqiyya », qui est aujourd’hui un musée de la calligraphie arabe. Sur ses murs, des phrases écrites dans différents styles calligraphiques témoignent de la richesse de la civilisation syrienne et de l’odeur de son histoire.
La Madrasa al-Jaqmaqiyya : un monument historique abritant l’art de la calligraphie arabe
La Madrasa al-Jaqmaqiyya, construite par Sayf al-Din Jaqmaq comme une œuvre pieuse en mémoire de sa mère en 823 de l’Hégire (1421 ap. J.-C.) est l’une des plus importantes écoles historiques restantes de l’époque mamelouke et ayyoubide. Selon la chercheuse Ilham Aziz Mahfoudh, directrice du musée de la calligraphie arabe à Damas, cette école se distingue par sa richesse en pierre, en bois et en vitraux qui reflètent les rayons du soleil. Elle a formé des milliers de savants arabes et musulmans, dont le célèbre scientifique damascène Ibn al-Nafis.
La chercheuse Mahfoudh a déclaré : « Le prince Sayf al-Din Jaqmaq, vice-sultan sous les Mamelouks, a été enterré dans l’école aux côtés de sa mère, selon sa volonté. Son emblème personnel est un cercle divisé en trois parties, représentant des encriers et des roseaux, reflétant sa fonction de scribe et de secrétaire, et symbolisant l’importance du mot écrit à son époque ».
Un musée unique et un waqf pour soutenir la science et la connaissance
En plus d’enseigner le Coran, l’école al-Jaqmaqiyya est la seule en Syrie spécialisée dans la calligraphie arabe. Des fonds de dotation lui ont été attribués pour soutenir les étudiants en sciences, comme le moulin du souk Wadi Barada et le souk de la laine, fournissant des livres, des manuscrits et des vêtements. L’enseignement y était gratuit et accessible à tous, et de nombreux érudits y ont étudié, dont le cheikh Muhammad Issa al-Dajlani et des personnalités politiques éminentes telles que le président Chukri al-Quwatli, selon Mahfoudh.
Trésors de l’histoire de la calligraphie arabe et créations syriennes uniques
Selon Mahfoudh, le musée conserve un tableau des lettres arabes et leurs étapes d’évolution, une inscription sur la tombe d’Imru’ al-Qays écrite en araméen syriaque, des blocs de basalte avec des vers poétiques, ainsi que des inscriptions en calligraphie kufique non pointée provenant du mont Assis à Palmyre. Il présente aussi des exemples de la créativité syrienne sur la poterie, le verre, les pièces de monnaie métalliques et le cuir. À l’intérieur du bâtiment, neuf versets de la sourate Al-Mulk sont écrits en calligraphie thuluth, considérée comme la plus équilibrée et la plus difficile.
Les types de calligraphie arabe et initiatives pour leur promotion
Les styles de calligraphie arabe sont nombreux, tels que thuluth, koufique, naskh, ruq’ah, diwani et farsi. Plus d’une centaine de types sont exposés au musée. Certaines appellations de styles sont liées à leur lieu d’origine (comme le koufique venant de Koufa) ou à l’angle du roseau utilisé (comme le thuluth).
Mahfoudh explique que le musée organise des ateliers et des initiatives pour sensibiliser les visiteurs et les touristes à l’importance de la calligraphie arabe, ainsi que des événements pour raviver cet art authentique, comme l’initiative du calligraphe Jamal al-Zaher pour ressusciter la calligraphie thuluth, lancée après la libération.
Une touriste française : une expérience inoubliable au cœur de la vieille Damas
Le charme de l’école al-Jaqmaqiyya ne se limite pas à ses murs historiques et à ses trésors archéologiques, mais attire des visiteurs de Syrie et d’ailleurs. Le musée accueille petits et grands, chercheurs de savoir et amateurs de beauté, désireux de découvrir la civilisation ancienne de Damas et d’admirer ses œuvres artistiques uniques et ses décors racontant des histoires du passé, selon Mahfoudh.
Dans un témoignage émouvant sur la beauté et l’importance du lieu, la touriste française a exprimé sa grande joie de visiter la Syrie : « C’est la première fois que je visite la Syrie, surtout Damas. Je me promène dans les sites archéologiques pour les découvrir, et je suis très heureuse d’y être venue après une longue attente, surtout après la libération. » Elle a ajouté : « J’ai choisi de visiter la Madrasa al-Jaqmaqiyya pour sa forme impressionnante et son design panoramique attrayant. J’ai découvert les types de calligraphie arabe et les anciennes inscriptions historiques ».
Une histoire ancienne de la calligraphie arabe en Syrie et un héritage renouvelé
Mahfoudh affirme que la Madrasa syrienne de calligraphie arabe est une tradition prestigieuse qui ne commence pas avec Badawi al-Derani ni ne s’arrête avec Hilmi al-Habbab, mais englobe de nombreux calligraphes syriens talentueux, dont Othman Hussein Taha, qui a calligraphié le Coran.
Le quartier Al-Kalassa : un témoignage de l’intérêt historique pour la science et la connaissance
La Madrasa al-Jaqmaqiyya couvre une surface de 280 mètres carrés. Elle fait partie des écoles établies dans le quartier Al-Kalassa (le quartier universitaire) de la vieille ville de Damas, qui comprend d’autres écoles telles qu’Al-Adiliya, Al-Zahiriya, Al-Aziziya, Al-Ikhnaiyya et Al-Shimisatiyya. Ensemble, elles témoignent de l’attention historique portée à la science et au savoir en Syrie, un pays qui a donné naissance à des savants et des créateurs dans tous les domaines.
M.Ch.