Damas-SANA / Le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés, Assaad Al-Chaibani, a exprimé la volonté de la Syrie de s’engager avec les institutions européennes et les États membres de l’UE et de s’ouvrir au dialogue et aux investissements,
« La Syrie souhaite être un partenaire économique et politique fort, et non pas une région qui dépend de l’aide », a dit Chaibani lors d’une conférence de presse avec la commissaire européenne Dubravka Šuica.
Il a ajouté que le peuple syrien avait suffisamment souffert et qu’il était temps pour lui de construire son propre avenir.
« L’Union européenne a été l’un des premiers partenaires à soutenir la Syrie après sa libération, dans une position courageuse qui a commencé avec la question de la levée des sanctions. Nous apprécions le soutien important apporté aux Syriens par le biais de l’aide humanitaire d’urgence pendant les années de guerre. L’Union européenne a accueilli plusieurs conférences sur la Syrie au fil des ans, et cette année, pour la première fois, le gouvernement syrien lui-même était présent, pour représenter son peuple et ses intérêts à un moment historique et à un tournant », a poursuivi Chaibani, disant « Nous suivons de près et avec espoir la manière dont les engagements pris lors de cette conférence seront mis en œuvre sur le terrain pour soutenir directement le peuple syrien. »
Le ministre des Affaires étrangères a souligné le rôle essentiel joué par l’Union européenne dans le soutien aux réfugiés syriens pendant les années de guerre, faisant savoir que les pays d’accueil, les ONG, les municipalités et les individus en Europe ont ouvert leurs portes pendant que la Syrie brûlait sous le régime d’Assad. Ces gestes humanitaires ne seront jamais oubliés.
Il a ajouté : « Tout en appelant à la coopération, nous devons clairement souligner les menaces auxquelles nous sommes confrontés, qui sont alimentées et soutenues par des acteurs extérieurs. Certaines zones sont encore aujourd’hui la cible d’attaques répétées de groupes armés et de vestiges de l’ancien régime, qui terrorisent les civils, ciblent les forces de sécurité et causent des pertes humaines brutales. Dans tout autre pays, ces actes seraient immédiatement qualifiés d’attaques terroristes. »
Il a expliqué que les forces syriennes accomplissent leur devoir en traquant ces éléments et en limitant leur capacité à menacer les civils et la sécurité du pays, dans un contexte extrêmement complexe. Ce exige que les partenaires internationaux, en premier lieu l’Union européenne, comprennent cette réalité et soutiennent la Syrie dans ses efforts pour préserver sa sécurité et sa stabilité.
Le ministre des Affaires étrangères a affirmé que la Syrie est aujourd’hui un État souverain doté d’un nouveau gouvernement, responsable devant ses citoyens, transparent dans ses engagements et ouvert à la coopération internationale fondée sur le respect mutuel.
« Toute action de toute partie ou de tout pays qui traiterait différemment la Syrie, ou agirait comme si elle était encore soumise à un système de suspicion et de conditions, sera une insulte à la nouvelle Syrie », a-t-il martelé, appelant les partenaires à traiter la Syrie telle qu’elle est aujourd’hui, et non pas comme elle était hier, et cela devrait également inclure la défense de sa souveraineté.
Le ministre Al-Chaibani a exprimé la volonté de la Syrie de collaborer avec les institutions européennes et les États membres de l’UE, ainsi que son ouverture au dialogue, aux investissements, aux échanges de connaissances et à la participation au processus de justice transitionnelle.
Il a souligné que l’ère de l’isolement était terminée et qu’il fallait mettre fin à l’ère où l’on parlait de la Syrie sans dialoguer avec elle.
« La Syrie souhaite être un partenaire économique et politique fort, et non pas une région dépendante de l’aide et considérée avec pitié. Le peuple syrien a suffisamment souffert, il est temps de construire son propre avenir », affirmé al-Chaibani.
Chaibani d’ajouter : « Les relations entre la Syrie et l’Europe ne peuvent être envisagées uniquement sous l’angle des réfugiés. La Syrie possède une diversité culturelle, religieuse, historique et civilisationnelle qui la relie au monde par de multiples canaux. Nous souhaitons que notre relation avec l’Union européenne soit une relation humanitaire, politique et économique, et la question des réfugiés en fait partie intégrante.
« La Syrie appartient à tous les Syriens, c’est leur pays et ils sont les bienvenus. Mais, compte tenu de notre responsabilité en tant que gouvernement, nous devons créer les conditions propices à leur retour. Ces derniers mois, nous nous sommes concentrés sur la question de la levée des sanctions, car c’est la clé qui nous permettra de créer un environnement propice à la santé, à l’éducation, aux hôpitaux et au marché du travail, garantissant ainsi un retour confortable des Syriens », a-t-il estimé.
Concernant les attaques israéliennes répétées sur le territoire syrien, le ministre Al-Chaibani a déclaré que ces attaques ne constituent pas de simples violations du droit international, mais plutôt des provocations coordonnées visant à compromettre les progrès et la stabilité de la Syrie et à ouvrir la voie à des groupes hors-la-loi pour exploiter ce chaos.
Il a souligné que la Syrie ne cherche pas la guerre, mais plutôt la reconstruction, et qu’elle est attachée à l’accord de désengagement de 1974.
Il a appelé toutes les parties, en particulier ses partenaires de l’Union européenne, à garantir le respect de cet accord en paroles et en actes.
« Depuis le début de la libération de la Syrie, nous mettons en garde contre le chaos qui pourrait résulter de la non-application de l’accord de 1974. Toute ingérence dans les affaires intérieures syriennes inciterait des groupes à se rebeller contre un État qui est sorti de 14 ans de guerre débordant d’armes. Dès le début, nous avons entamé le processus d’organisation des armes sous l’égide de l’armée. Il ne peut y avoir de groupes armés en dehors des institutions officielles, et les événements dans le sud de la Syrie ont entravé cette mission », a indiqué le ministre Chaibani qui a souligné que les informations publiées concernant le bombardement hier des forces israéliennes au Golan syrien occupé depuis le territoire syrien n’ont pas été vérifiée.
Il a rejeté sur la communauté internationale et les Nations Unies la pleine responsabilité de ne pas avoir exercé de pressions sur la partie israélienne pour qu’elle applique l’accord de 1974, accord auquel la Syrie a réitéré à plusieurs reprises son engagement et sa volonté de mettre en œuvre et de protéger la mission de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD).
« Tout chaos en Syrie entraînerait le chaos dans la région, ce qui ne sert les intérêts d’aucune partie. La Syrie est un élément essentiel de la sécurité régionale, et toute partie de la région qui souhaite sa sécurité et sa stabilité doit œuvrer pour la sécurité et la stabilité de ce pays, respecter sa souveraineté et aider le gouvernement syrien à restreindre la possession d’armes à l’État », a averti al-Chaibani.
Pour sa part, la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Šica, a remercié le gouvernement syrien pour cette invitation et le président Ahmad al-Charaa et le ministre des Affaires étrangères Aasaad al-Chaibani de l’avoir reçue aujourd’hui.
Elle a indiqué qu’il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un moment charnière dans l’histoire de la Syrie.
« Après 14 ans de souffrances, et de déplacements, un processus de transition est en cours sous la direction du nouveau gouvernement syrien. Nous espérons que le processus politique se déroulera sans heurts et inclura tous les Syriens afin que la Syrie puisse jouir de la paix. », a-t-elle estimé
Elle a ajouté : « Mon message aujourd’hui est clair : tout comme nous avons soutenu le peuple syrien ces 14 dernières années, nous continuons de le soutenir aujourd’hui dans la nouvelle Syrie. L’Union européenne a levé toutes les sanctions pour contribuer à la reconstruction, car le rétablissement économique est essentielle à la stabilité. »
Elle a souligné que le retour des réfugiés nécessite de garantir les services dont les Syriens ont besoin, et que l’Union européenne a alloué 175 millions d’euros pour aider le peuple syrien dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la technologie et de l’agriculture.
La commissaire européenne a expliqué que l’UE soutenait les droits de l’homme, la justice transitionnelle, les institutions et la société civile, et s’efforçait de redonner à la Syrie son statut de voisin méridional de l’UE.
Elle a fait noter que l’Union européenne œuvrerait pour aider les réfugiés syriens à rentrer chez eux de manière volontaire et sûre. « Chaque Syrien a le droit de rentrer dans son pays et de le reconstruire, et tous les Syriens doivent participer à ce processus, car une Syrie inclusive est une Syrie forte », a-t-elle assuré.
Elle a ajouté : « En parcourant les couloirs du palais, j’ai été inspirée par la résilience et l’esprit fort du peuple syrien, malgré les circonstances. J’ai également été inspiré par la résilience de la société civile syrienne, raison pour laquelle nous organiserons la Journée du dialogue à l’automne prochain. »
La commissaire européenne a indiqué que les pays de l’UE sont en train de conclure des accords bilatéraux avec la Syrie dans les domaines de la numérisation, des ressources humaines, de l’énergie, de la technologie et d’autres secteurs, notant qu’elle travaillera pour encourager les entreprises européennes à investir en Syrie.
Concernant les attaques israéliennes, le responsable européen a déclaré : « Notre position sur les attaques israéliennes sur le territoire syrien est claire : nous nous opposons à toute violation du droit international. »
L.Arfi